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Les origines

Né à Thann en 1862 et décédé à Villiers-sous-Grez en 1942, ce peintre Alsacien reconnu pour ses tableaux intimistes clair obscur.

Marcel Rieder
J.-J. Rieder et sa femme, grands parents de Marcel – 1832

La famille de Marcel Rieder est d’origine alsacienne. L’un de ses ancêtres, J.-J. D. Rieder (1751-1819, époux de M.B. Heidel), était membre de la corporation des « Gärtner » à Strasbourg.

Comme beaucoup d’Alsaciens, ils étaient protestants. Un de leurs fils, également appelé Jean-Jacques, montrait beaucoup d’intérêt pour les études. Un livret sur sa vie raconte que ses parents avaient la garde du corbillard de la ville. C’est là que Jean-Jacques se cachait pour lire tranquillement. Jeune homme, il fut secrétaire de Pfeffel pour quelques années.

En 1800, J.-J. Rieder fils étudia pour devenir pasteur. Il fut pasteur dans plusieurs villes : Colmar, Wesserling, Gertwiller. Le dernier poste a été à Strasbourg, au « Temple neuf », de 1826 à 1852. Il garda toujours son intérêt pour la culture. Il lisait beaucoup, il était intéressé par les nouvelles idées de l’époque. Il écrivit plusieurs livres dont un sur la vie de Pfeffel. Ses activités culturelles lui donnèrent l’occasion de rencontrer Goethe.

J.-J. Rieder et son épouse, née M.B. Dietz, eurent trois enfants : Amédée et Frédéric, qui sont les oncles de Marcel Rieder, et Aimé, le père de Marcel.

Amédée, l’aîné, montra très tôt un talent pour la mécanique. Il devint un associé de la famille Zuber formant la société « Zuber et Rieder », fabriquant du papier. La société existe toujours en 2020. Amédée avait plusieurs brevets, principalement pour la fabrication du papier en rouleau continu. Frédéric, le plus jeune, était un étudiant très brillant. Il intégra « L’Ecole Normale » de Paris, l’école la plus difficile en France. Il enseigna dans différentes villes y compris Strasbourg. C’est là qu’il résidait avec sa famille quand les Français perdirent la guerre de 1870 contre l’Allemagne. Comme beaucoup d’Alsaciens, il choisit la France. Les réfugiés d’Alsace décidèrent de créer leur école à Paris, allant de l’âge de 6 ans jusqu’au bac. Frédéric fut choisi comme premier directeur, un poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1891. En 2010 l’école existe toujours avec près de 2000 étudiants. Elle est considérée comme une des meilleures écoles privées.

Marcel Rieder à gauche, ses parents et ses deux frères, Alsace 1890

Aimé, entre les deux autres garçons, essaya d’abord de démarrer une affaire, et ce ne fut pas un succès. Le résultat ne fut pas une fortune mais des dettes (on en reparlera). Après ça, il devint représentant. Il épousa M. E. Schlumberger. Ses parents avaient une usine à Thann. Elle était cantatrice. Le couple vécut à Billon, Thann, Mulhouse et Strasbourg. Ils eurent trois enfants : Aimé (fils) et Gabriel, les deux frères plus âgés, qui restèrent en Alsace et devinrent hommes d’affaires. L’enfant le plus jeune était Marcel.

Médard Jacques Marcel Rieder est né le 19 mars 1862 à Thann. Il s’intéressa au dessin et à la peinture très jeune. En 1877, à l’âge de 15 ans, il eut le premier prix de l’école d’art de Mulhouse. Reconnaissant ses talents, sa famille l’envoya à Paris en 1881 pour étudier. Là, son oncle, Frédéric Rieder, non seulement l’aida à s’installer, mais aussi lui trouva un poste d’enseignant à l’école alsacienne. Marcel Rieder restera à Paris jusqu’en 1927

Il fut accepté à « l’Ecole des Beaux Arts », l’école d’art la plus célèbre en France. Pour payer une partie de ses frais, il enseignait. Après ses études, il dût faire son service militaire. Il exposa ses peintures au Salon de Paris presque tous les ans. Au début ce fut souvent un portrait, et quelques fois un sujet mythologique. Plus tard il développa un genre plus personnel.

Marcel Rieder à gauche, avec sa mère assise à la table et Jean, tout à droite

Marcel Rieder a toujours vécu de son art, mais il y a eu de grandes variations dans son genre de vie. Au début, il n’avait pas beaucoup d’argent. En plus avec ses deux frères et leur père, il fallait rembourser la dette de l’entreprise commerciale. C’est sans doute pour ça qu’il attendit pour se marier. Finalement en 1900, la dette était remboursée. Marcel Rieder avait du succès, il gagnait bien sa vie. C’était la période du « gai Paris ». Avec trente ans de paix (1870-1900) et la révolution industrielle, beaucoup de fortunes ont été faites. Ces gens recherchaient les plaisirs de la vie et le luxe. Ils venaient du monde entier à Paris pour acheter l’art en Europe.

Marcel Rieder profitait de ses succès. Il pensait aussi à investir. Il se maria en 1903 avec Marie (Marion) Poiriault. Ils emménagèrent dans une maison, « rue du Pot de Fer » à Paris. Marion fut souvent modèle pour ses tableaux.

En 1906 ils eurent un fils, Jean. Bien sûr il réalisa plusieurs portraits de Jean et de Marion. On peut même parfois dater un tableau si l’on peut deviner l’âge de l’enfant.

Au début de la première guerre mondiale en 1914, Marcel Rieder perdit tous ses investissements dans certaines entreprises capitalistes en Russie ! La « Belle Epoque » ne revint jamais. Il fallut du temps pour reconstruire après la guerre. Et ce fut la dépression de 1930.

Marion, Jean et Marcel Rieder, 1912

En 1927 leur fils Jean était adulte. Marcel Rieder avait 65 ans. Il prit sa retraite à Busseau, un hameau féérique comme il le décrit. Le hameau est près de Villiers-sous-Grez, dans la forêt de Fontainebleau. Là il continua à peindre, profitant de la paix, de la vie de famille et des amis. Il allait de temps en temps à Paris, Strasbourg, etc. pour y exposer ses tableaux.

Son fils se maria et s’établit à Grenoble. Les deux familles étaient très proches et entretenaient une correspondance suivie. Marcel et Marion prirent avec eux leur petite fille Odile, de 1938 à 1944, pour permettre au jeune couple de s’occuper de leur magasin et de deux autres enfants.

En 1939, la Seconde Guerre mondiale éclata. L’hiver 1942 fut très rude. On manquait de nourriture et de chauffage. Marcel Rieder tomba malade. Ses amis, Tardieu qui vivait à Villiers, et la famille Martin furent très généreux avec leur aide. Il mourut le 30 mars 1942 à l’âge de 80 ans. Pendant quelques décennies, il tombe dans l’oubli comme divers autres peintres de l’époque (P.A Besnard, E.Gelhay,J, Beraud, A.Point, etc…)

Marion resta dans la maison de Busseau jusqu’à la fin de sa vie en 1951. Comme son mari, elle est enterrée au cimetière de Villiers. Jean, leur fils, aimait beaucoup cette maison et voulut la garder « dans la famille ». Mais cela devint impossible et en 1989, elle fut vendue.

Portrait de Marcel Rieder par Anna Zuber

Marcel Rieder aimait beaucoup la musique. Il jouait très bien du piano, parfois même dans un groupe. Il aimait chanter et faisait partie de la chorale « Société Bach » à Paris.

Sa belle-fille qui habitait Grenoble pensait rejoindre une chorale aussi. Mais, comme beaucoup, elle n’était pas sûre d’elle-même. Voici les conseils que Marcel Rieder lui donna : « C’est très simple. Au début, tu articules, mais sans voix. La chorale fait le travail et tout va bien. Ensuite tu commences à chanter très doucement. En cas d’erreur, ça ne s’entend pas. Puis petit à petit tu chantes de plus en plus fort et tu rejoins le chœur. Chanter dans une chorale est l’expérience musicale la plus forte. On n’est plus soi-même. »

Marcel et Marion étaient très sociables. Ils aimaient la compagnie, la musique, les discussions intellectuelles de littérature, la science, les nouvelles découvertes, le monde, etc.

Ils eurent l’occasion de rencontrer Albert Schweitzer plusieurs fois et Marcel fit un portrait qui est au musée Schweitzer. Albert Schweitzer était écrivain, musicien et humaniste. Une partie de sa philosophie était : « Si vous avez la chance d’avoir une bonne vie, partagez avec les gens qui ont moins que vous. » Sa solution personnelle fut d’étudier la médecine. Il créa un hôpital en Afrique Centrale avec l’aide de mécènes généreux. Il reçut le prix Nobel en 1952.

Les Rieder étaient très bons amis avec la famille Tardieu qui avait une maison à Villiers. Ils passèrent beaucoup de temps ensemble. Victor Tardieu créa l’école des Beaux-Arts de Hanoï au Vietnam en 1925. Marcel Rieder était aussi ami avec d’autres artistes. Parmi eux : Henri Zuber, Anna Zuber, Thomas, Leroux, Cachoud, Zwiller, Gueldry, Gaugeron, Dilly, Zier.